Idées bouquins, etc… : Algérie

Muriel, qui vit en Algérie, me demande quelques conseils de lectures pour des jeunes Algériens qui n’ont pas beaucoup lu en français. Je ne connais le pays que par trois-quatre jours passés à Alger, mais je me suis prêté au jeu en lisant quelques romans.

Oran

Oran

Un auteur algérien qui a beaucoup de succès est Yasmina Khadra. Contrairement à ce que son pseudonyme suggère, c’est un homme, un ancien officier algérien qui avait pris les prénoms de sa femme comme pseudonyme pour éviter la censure militaire. J’ai lu « Ce que le Jour doit à la Nuit » et j’ai eu un coup de cœur pour ce livre qui raconte l’ambivalence et les hésitations d’un jeune Algérien éduqué à la française lors de la Guerre d’Indépendance. C’est aussi une émouvante histoire d’amour faite d’occasions manquées, de non-dits et de regrets. Je l’ai écoutée dans l’excellente version audio lue par André Pauwels.

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« Ce que le Jour doit à la Nuit » a été adapté dans un très beau film d’Alexandre Arcady qui met en valeur les splendides paysages et ambiances de l’Algérie tout en donnant vie aux tourments des personnages du roman de Khadra.

« Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. ». Ce sont les premières lignes de « L’Etranger », d’Albert Camus qui est sans doute le plus célèbre écrivain né en Algérie. « La Peste » se passe à Oran, tandis que « L’Etranger », le roman de l’absurde, que beaucoup d’entre nous ont sans doute lu à l’école, se déroule autour d’Alger.

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Alger et son port

Alger et son port

Kamel Daoud, un journaliste et écrivain algérien a récemment proposé un contre-point à “L’Etranger  » dans « Meursault, Contre-Enquête ». Meursault, le protagoniste de Camus, tue sur la plage, sans raison apparente « à cause du soleil », un arabe resté anonyme. Daoud, lui donne un nom, Moussa, et laisse son frère, Haroun, nous raconter bien des années plus tard, l’histoire de son point de vue. Le contraste des deux romans est très intéressant, mais je conseille de relire « L’Etranger » avant de se lancer dans la version du drame « vu par les Arabes ».

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Il y aussi deux bandes dessinées qui se passent en Algérie et que j’ai beaucoup aimées. La première est « Azrayen’ » (2 tomes) de Lax et Giroud qui raconte l’amour entre un appelé français et une institutrice algérienne pendant la guerre d’Algérie, « la Guerre sans Nom » dont on parle toujours très peu en France. Le récit est en partie inspirée par l’expérience et les lettres que le père de Giroud avaient envoyées pendant qu’il était conscrit en Algérie.

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L’autre bande dessinée que j’ai beaucoup aimée sont les «Carnets d’Orient » de Jacques Ferrandez, né à Alger, dont le récit suit l’histoire de l’Algérie du début de la période coloniale à l’indépendance algérienne, en deux longs cycles de cinq volumes chacun. Par ailleurs, Jacques Ferrandez a aussi adapté « L’Etranger » de Camus en bande dessinée.

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Merci beaucoup à Muriel de Failly pour ses superbes photos.

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